Vis ma vie de vendeuse

Non, pardon, d’hôtesse de vente. Non, je ne suis pas caissière, oui je conseille la clientèle, oui je dois faire mon chiffre mais non, je ne force jamais un achat qui ne correspond pas à la cliente. Oui, finalement, l’un dans l’autre, je fais mon boulot quoi.

Alors le boulot de vendeuse, ça te plaît? Oui, non, je ne sais pas, ça dépend des jours, des heures, des clientes. Oui, de base j’avoue, j’aime beaucoup. Pas forcément uniquement le contact, mais il faut de l’imagination, c’est un peu comme jouer aux Barbie en mode difficile. Hm non, rayez ça. Tout le fun de ce travail réside dans les clientes qui ont besoin d’un truc mais ne savent pas quoi, les mariages, les relookings, etc. Et pour la partie « non », je vous ai compilé des trucs sympa ci-dessous…

Note importante : on a, EVIDEMMENT, des tas de client(e)s sympas, évidemment, sinon j’aurais changé de boulot depuis des plombes, je suis pas du genre patiente. Et il va de soi qu’en tant que vendeuse, on a aussi des habitudes qui agacent la clientèle, des fois je me dis que si je me rencontrais, je me détesterais… Après, il y a des obligations dues au travail en lui-même (« Je peux vous aider? » on ne le dit pas pour vous faire chier, sérieusement, on veut vraiment vous aider, c’est notre boulot… Dans certains magasins, vous êtes un peu « harcelés » mais c’est des directives d’en haut – donc c’est ça ou on se fait virer, autrement dit!).

Les trucs chiants – les phrases horripilantes – les comportements qu’on n’aime pas. 

Vous travaillez ici? Ah non, je passais par là et j’ai trouvé que c’était un peu le bordel, alors je me suis permise de replier un peu… Moi? Ah non, je passe juste l’aspirateur, c’est ma passion les aspirateurs, vous voyez… Le badge (ou alternativement le t-shirt/le tablier/le collier/la casquette…) c’est un accessoire de mode vous savez. Il est écrit le nom du magasin dessus parce que ça fait trop classe!

– Ces clientes qui déplient TOUT puis jettent l’article déplié nonchalamment sur un autre tas / un meuble / une table/n’importe où sauf là d’où ça vient. Non non, on ne demande pas de replier (d’ailleurs souvent on doit le refaire parce qu’il y a des directives sur la façon d’être plié). Et non, je ne parle pas des gens comme vous et moi qui déplient ce qui les intéresse. Non, il y a des gens qui ont une passion de tout voir, tout, absolument TOUT. Chaque article doit être déplié, même dans les couleurs qu’elle déteste, et même si elle passe juste le temps en attendant que son marmot ait terminé l’école… Le but ultime c’est de donner du travail aux vendeuses qui, elles adorent le rappeler, sont là pour ça. Hm, alors, on n’est pas là QUE pour ça hein… [Anecdote : la fille d’une cliente qui dit à sa mère qu’elle a fait tomber une blouse, et la mère de rétorquer : « Ah, ramasse pas, les vendeuses sont là pour ça! »….].

– Vous êtes ouvert? Oui madame, on a le volet aux 3/4 abaissés pour aider les gens à se remettre en forme et à participer au prochain concours national de limbo! Oui oui, vous pouvez rentrer mais sans plier vers l’avant hein! Et faut secouer les épaules aussi…

– Ah vous fermez? Pas de soucis, je jette juste un oeil… Non, mais sérieux, je ferme, tu vas rester avec moi, m’aider à compter la caisse et à porter mes sacs jusqu’à ma voiture? Autre variante : Vous êtes déjà fermés? Ah mais je sais ce que je veux! Hm, ok, mais ma caisse est cloturée, c’est super cool que tu aies trouvé ton bonheur, surtout que si tu sais ce que tu veux c’est que tu l’as vu AVANT qu’on ne soit fermé… En attendant, on est ouvert demain à partir de 10h.

– Y a pas de phrase de la part de ces clientes qui rentrent une ou deux minutes avant la fermeture. Je ne parle pas de celles qui n’ont aucune idée de l’heure, non non, celles qui savent que vous zieutez pour éviter les « dernières minutes » et qui se glissent pile au moment où vous fermez les yeux pour éternuer. Après, c’est trop tard, elles sont rentrées, elle font leur tour tranquille. « On va fermer, madame » Oui oui, pas de soucis, elles vont juste défaire tout le magasin et acheter un truc à 3€ histoire que vous puissiez refaire tous vos papiers. D’ailleurs, elles étaient dans la galerie commerçante depuis le début de l’après-midi. Mais les achats du soir, c’est vachement plus mieux!

– Bonjour, je cherche… Ah oui, expliquez-moi à quoi ça ressemble on va regarder. C’est noir. Autres alternatives : Bonjour, je cherche un pantalon/une robe. Alors, oui, on connait généralement super bien nos vêtements, et on retrouve souvent un article avec peu de renseignements. Mais sérieusement, nous dire que vous êtes allée à tel magasin et que vous avez vu un super pantalon et que vous le cherchez… Si pour toute description vous nous donnez un « c’est noir », on ne va pas aller loin. Surtout noir, quoi! Vous me dites rose, passe encore, j’en ai pas 300. Mais noir… Dans les autres alternatives (et qui arrivent souvent), on a une description vague d’une « tunique avec des fleurs dans les tons bleus… y avait du blanc aussi je pense » et après avoir retourné le magasin avec la cliente, on trouve la tunique je veux dire la robe rose et taupe. Ah oui, je me souvenais pas très bien. Oui, ben alors, cherche toi-même la prochaine fois!

– Ces gens qui savent mieux que nous comment faire notre boulot. Et, plus souvent, les filles qui sortent maman et essaient de faire notre boulot à notre place. Enfin, si ta mère sort habillée n’importe comment, ma foi, c’est pas mon problème (sauf que la mère revient ensuite sans la fille pour faire un échange…). Ca ne vaut pas que pour le conseil en habillage, ça vaut pour la caisse, les emballages cadeaux, les saisons des promos et j’en passe. Ah oui, j’oubliais celles qui croient que notre réserve donne directement au siège central, avec un portail inter-dimensionnel qui fait arriver les articles magiquement quand on en a besoin. Non, notre réserve fait 5m², et on doit y caser une table, une chaise, un frigo et les quelques trucs qu’on a effectivement en réserve.

– C’est moi cher chez … Ah bon? Sérieux, pourquoi tu viens acheter ici alors? Celle-là, on l’entend souvent. Ils croient qu’on va baisser notre prix à cause de ça? Mais on s’en caille nous que c’est moins cher à côté, si c’est juste pour le prix, va voir à côté si j’y suis. Ou alors c’est une manière de dire « j’ai été chez ton concurrent, chouchoute-moi plus »? Je ne sais pas, je n’ai jamais compris.

– J’ai dépensé plus de …  (souvent un prix ridicule) aujourd’hui chez vous, vous pouvez bien me donner ça gratuitement. Ca va un peu de pair avec le problème précédent.  Souvent, ce sont des grandes filiales, et donc, si je te donne un article, je dois le payer de ma poche. C’est ça, tu veux un cadeau de Noël? Et un grand coca? A emporter madame? [Anecdote : je me souviens d’une cliente qui voulait qu’on lui offre un sac à 40€ alors qu’elle avait acheté pour 150€. Donc en fait, quand tu vas faire tes courses, tu mets tes boissons à part en disant à la caissière « bon, avec tout ce que j’ai, là ça vous me le faites gratuit hein »…]

– C’est pas moi qui décide des prix. On ne le répétera jamais assez, nous sommes des filiales! Encore de pair avec ce que je viens d’écrire plus haut, et donc en aucun cas nous ne fixons les prix nous-mêmes! Si on fait une réduction, soit c’est dans la caisse, soit on a une super bonne raison (défaut – en suivant les principes de la société) soit… on le met de notre poche. Oui, mais non. On n’est pas payés assez cher pour offrir des cadeaux aux clientes.

– Ha ça ne passe pas, c’est gratuit! Pfff… j’ai pas de mot pour ça. Je crois que je sature tellement d’entendre ça que je dois pas faire une tronche sympa quand je l’entends. Non, c’est pas drole. Non, ça ne détend pas l’atmosphère. Non, tu ne viens pas d’inventer la blague de l’année.

– Oui, mesdames et messieurs, s’énerver pendant un temps infini sur un problème qu’on ne peut pas résoudre va probablement provoquer un arc-en-ciel et faire galoper des licornes qui, en passant, vous semer des paillettes et résoudre ledit problème. Tout à fait! C’est comme ça qu’il faut faire. Ah oui, et demander son avis à la gérante (qui dira la même chose, puisque c’est le fonctionnement du magasin) va vous offrir un bonus de +100 points de charisme. Ou pas.

– Alors, j’ai acheté ça l’année passée, je l’ai porté vous voyez, et au bout d’un moment à force de le laver il y a un bouton qui est parti… Vous voyez là? Bon, je veux être remboursée. Alors, je t’explique. Moi, j’ai essayé aussi, j’ai été au Carrefour, j’ai ramené une bouteille de lait entamée et laissée dans mon frigo deux mois, j’ai fait goûter le lait à la caissière puisqu’il avait tourné. Eh ben je me suis fait mettre dehors. Eh bien tu sais quoi? Chez nous c’est pareil! Oui, on échange les articles défectueux, mais pas les trucs que tu as portés puis mis dans le panier de ton chien pour le maintenir au chaud en hiver, et que tu nous ramènes un an après. Ah aussi [tiré d’expérience vécue] nous lancer l’article au visage ne nous rendra pas plus joyeuse. Non, vraiment pas. On suit les règles de la maison, en faisant au mieux pour tout le monde.

Spécial soldes (oui, je suis obligée de faire une section spéciale). 

– Apprenez à lire. Si vous savez lire, pourquoi ne pas essayer de le faire? Sérieusement. Les panneaux « jusqu’à -50% » veulent dire « jusqu’à -50% » et non « -50% sur tout le magasin ». Ah oui, et « sur une sélection d’articles indiqués par une étiquette rouge » ça veut bien dire que ce n’est pas « tout le magasin ». Si, si, je vous assure. Non, mais c’est plus drôle de montrer chaque article à une vendeuse qui court dans tous les sens et de lui demander « Et ça c’est -50%? » « Et celui-ci? » … Ou d’arriver en caisse pour râler que tout n’est pas à -50%. « Oui mais je l’ai pris dans le rayon des -50% ». Ah bon? On a ça ici? Je suis pas au courant. Y a bien quelques étiquettes, mais après, il y en a partout donc bon…

– On ne décide pas des prix (oui, je sais, je l’ai dit plus haut déjà, que voulez-vous, je me fais vieille, je me répète un peu…). Donc si c’est écrit -30%, on ne va pas le faire à -50%. A moins, encore une fois, qu’on ne sorte la différence de notre poche. Mais heu… non. Et ce qui n’est pas étiqueté n’est pas démarqué. Je vous jure, ça a toujours été comme ça. Si si…

– J’ai acheté ça hier à -20% et aujourd’hui il est à -30%. Ah dommage. C’est comme ça. C’est le karma je dirais. Non, je ne vais pas te rembourser la différence. Non, hier je ne savais pas que les prix allaient changer (genre t’imagines, on connaîtrait la liste des prix et démarques par coeur, y compris celles à venir?).

– Vous pouvez me mettre tout ça de côté pendant un mois? Je reviens à la fin des soldes quand ce sera moins cher. Et la marmotte…

Allez, deux bonus avant de se quitter. 

Note de la fin : cet article a évidemment surtout une vocation humoristique, je ne veux froisser personne. Les cas décrits ici sont souvent des extrêmes. Bien sur, on a des super client(e)s, et on les aime sinon on ne ferait pas ce boulot (à-bas les croyances comme quoi c’est un boulot facile qui ne demande aucune compétence, croyez-moi, il faut souvent s’accrocher). De plus, côtoyer la clientèle reste au moins 80% de notre travail, mais c’est aussi pour ça qu’on en voit des vertes et des pas mûres de temps en temps 😉

PS : si vous lisez l’anglais, un petit article comique.