Bleu russe

De nouvelles mutations émergent régulièrement chez les hamsters, et sont travaillées par des éleveurs consciencieux.

Voici un nouveau gène, le bleu russe, travaillé par plusieurs éleveurs.

Mon histoire avec le bleu russe commence en novembre 2010, lorsque j’ai aperçu, parmi les hamsters syriens d’une animalerie ordinaire de Moscou, un animal dont je n’arrivais pas à définir la couleur. Cela ressemblait à du bleu, mais il avait sur tout le corps un genre de rayures noires, qui lui donnaient un aspect un peu bringé. Ses yeux étaient totalement noirs, et ses oreilles étaient bleues, rayées elles aussi.

A ce moment-là, je n’avais pas la place dans mon élevage pour un nouvel animal, mais la tentation a été tellement forte que j’ai décidé de retourner à l’animalerie trois jours plus tard, et si le hamster énigmatique y était toujours, j’avais décidé de l’acheter. C’est ce que j’ai fait, et j’ai été heureuse de voir que bien que les autres hamsters avaient été vendus, celui-là était toujours là.

Je l’ai appelé Tim Taler. Le voici, juste en rentrant de l’animalerie ( à gauche) et quelques mois plus tard (à droite).

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Deux mois plus tard, j’ai découvert dans une autre animalerie une femelle de la même couleur. J’en ai parlé à un ami, également éleveur de hamsters, qui a été l’acheter immédiatement, et l’a nommée Molly Moon.

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Molly Moon avait une surprise pour nous et a mis au monde une portée de quatre bébés. Deux blancs (qui malheureusement sont morts très tôt), un mâle noir à bande blanche et une femelle agouti, La Souris Mirasol, qui est venue vivre chez moi.

Cinq mois plus tard, j’ai accouplé Tim et Mirasol. Voici leur portée, Homa Sapiens K :

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J’étais excitée de voir qu’au moins un des bébés avait la même mutation que le père et la grand-mère. Alors que les bébés grandissaient, c’est devenu évident que cinq d’entre eux avait un manteau marbré comme Tim et Molly.

Donc, nous avions douze jeunes :

  • quatre noirs,
  • trois agoutis,
  • un seul animal de la même couleur que Tim et Molly (ses yeux n’était ni noirs ni rouges, ils étaient rouge cerise foncé le premier jour puis quelques jours plus tard ils sont devenus noirs);

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  • un genre de lilas (mais avec un ticking plus foncé et qui avait également les marbrures et des yeux rubis, et pas rouges);

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  • trois genre orange (ceux-ci avaient un ticking plus foncé, les yeux et les oreilles normales pour un orange) que j’ai pensé être la base de la nouvelle mutation, et que j’ai appelée « Russian Cinnamon—Cannelle russe ». Cette couleur devra surement être renommée plus tard, lorsque plus d’études auront été faites.

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La seconde portée de Tim (Point Barrow D) nous a donné une belle surprise : il y a eu du bleu russe et du cannelle russe, bien que la mère (une ivoire aux yeux rouges) n’avait pas cette mutation. Evidemment, la première pensée que l’on a eue, était que le gène était dominant. Mais d’autres investigations ont démontré que c’était bien plus compliqué que ça.

Je ne vais pas lister ici toutes les portées réalisées dans ce projet, mais nous avons l’assurance que le gène est lié au gène orange (p/p). Dans les portées bleu russe (cannelle russe, etc.) avec un animal aux yeux rouges (orange +) tous les bébés sont soit orange (et composés) soit bleu russe.

Accoupler le bleu russe avec un porteur orange donne 25% de bleu russe, et 25% d’orange (+), alors qu’en l’accouplant avec un hamster qui n’a pas le gène orange, on n’obtient ni de l’orange, ni du bleu russe.

Ces faits ont mené à une nouvelle hypothèse : le gène marbré peut être une mutation sur le locus P, récessive sur le P « normal », mais dominant sur l’orange (p). Cependant, nous ne jetons pas la possibilité que le gène soit dominant, mais uniquement visible sur les couleurs de base orange, donnant un effet d’ombre (comme par exemple l’umbrous qui change beaucoup les couleurs de base crème et yellow, peut être vu sur certaines couleurs agouti, mais est presque invisible sur les couleurs comme le dove ou le blond).

Voici quelques couleurs qui sont forcément basées sur le bleu russe, que nous avons pu obtenir.

On les a obtenus lors de nos tests, leurs noms sont encore provisoires et peuvent être changés.

« Blond russe » – orange russe + gris perle/gris clair :

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(Siriyskaya Zvezda Jorge Sand)

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(Itty-Bitty-Saurus Jan Valjan)

« Silver bleu russe »

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(Zhionis WikiLeaks)

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(Siriyskaya Zvezda Jemchuzhnaya Rossyp)

Et ce mâle, assez différent des autres Blonds russes que l’on a eus. A première vue, il semble gris perle, mais avec des yeux rubis (sans marquage) et les marbrures typiques sur les oreilles, et sur le pelage (bien que ce soit difficile à voir maintenant, mais entre 7 et 14 jours les taches se voyaient bien), ce qui nous mène à penser qu’il s’agit aussi du gène bleu russe.

Homa Sapiens Prince of Persia :

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Quelques autres illustrations intéressantes du bleu russe.

Voici la portée Homa Sapiens R—dove, silver dove, dove écaille de tortue, bleu russe écaille de tortue et silver bleu russe (pour comparaison) :

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Bleu russe écaille de tortue :

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(Homa Sapiens Rumba)

Comparaison du bleu russe (à droite) avec le bleu classique a/a d/d (à gauche) :

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(Zhionis Afrodita et Angel-Hranitel Nils)

La plus intéressante découverte de ces derniers temps est l’apparition d’un bleu russe homozygote.

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(Neposeda Disney)

Son phénotype n’est pas vraiment différent d’un hétérozygote, mais en le croisant avec une femelle orange +, nous avons eu une portée composée uniquement de blonds russe et de bleus russes.

Maintenant, nous sommes sur la voie pour prouver que le gène bleu russe est situé sur le locus P, pour cela il va falloir accoupler Disney avec une femelle aux yeux noirs,  et ensuite un des bébés de cette portée, aux yeux noirs, avec un hamster orange+ ou porteur.

Si dans la portée, il y a des bleus russe et des oranges, alors il s’agit d’un autre locus, s’il n’y a que des bleus russe et des bébés aux yeux noirs, alors c’est presque certainement situé sur le locus P.

Il y a encore beaucoup de questions qui restent en suspend à propos de ce gène et de son influence sur d’autres couleurs. J’espère que plus d’éleveurs, de Russie et d’ailleurs, vont nous rejoindre dans cette investigation et qu’on pourra ensemble lever le voile sur tous ces mystères.

Daria Zueva, éleveur de Homa Sapiens Hamstery
Traduction vers le français : Aurélie Dengis.

Article originellement paru sur http://afar-asbl.net

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